Toutes les fois que je suis contrainte par les forces insensibles qui sous-tendent le chaos en cette terre, de trouver mon chemin dans le dédale programmé pour le pilotage automatique de ce pays, je pousse des soupirs aussi lourds que le shéol saturé d'âmes plaintives, et je pense avec une désolation profonde comme les abysses mystérieuses,... que tu es loin, Sion...
Quand je me couche le soir, abêtie sous le poids accablant du quotidien insatiable de sang, je scrute la lune par un regard prostré pour évaluer, l'esprit embrouillé et le coeur amer, la distance de la mer, geôlier de mon exil, à la poussière envahissante qui ensevelit les ruines de ta gloire, Sion.
Depuis ces milles milliers d'éclats de rêves éparpillés, autant d'échardes affûtées à mes pieds qui me gardent le coeur tourmenté sous l'oeil impitoyable du soleil d'Egypte, jusques à l'ombre inquiétante de la nuit s'établissant comme des rideaux d'épaisses ténèbres qui nous tiennent toujours plus à distance de nos objectifs, mon âme languit, Sion, et mon esprit retourne gémir comme un loup à l’agonie, sur les pas perdus de nos ancêtres, enfouis sous les âges des déserts sablonneux, vers les chemins de ton Sanctuaire à Salem.
Quand je sursaute en plein matin, trempée de sueur comme une pelouse baignée de rosée, au bout de mes périples nocturnes palpitants, et que l’emprise de la nuit cède enfin aux tranchants des rayons de lumière, je me désole de me réveiller des songes délicieux où j’embrassais ta terre, Sion.
Quand forcée d’affronter le monde où notre existence doit persister pour le temps fixé, je tombe à genoux sous la douleur des gifles de ceux qui te haïssent, je hèle à sa miséricorde, et je crie mon amertume, et je demande à mon Seigneur « Jusques à quand?! », Sion...
Le 1er du 2e mois de la deuxième année